dimanche 28 mai 2017

Ce qu'on sait entre les mots, la trace. On racle à l'os. On cherche. L'espace entre le mot et la virgule. La respiration.
La femme sur le balcon d'en face secoue son tapis à la fenêtre.
Elle le tape trois fois contre le mur. Des coups secs qui résonnent sur la pierre chaude. L'air est saturé encore. Il ne vibre pas.  Le geste de la femme, comme un martellement, le rythme premier.
Les percussions bientôt se feront entendre.
Elles résonneront depuis la forêt épaisse.
Les arbres s'approchent. Ils se tiennent serrés, ils avancent. Une armée de l'ombre résolue marche sur la ville. Les arbres disent les mots, ils bruissent en un murmure tendu, grondant.
On n'entend plus que le début des phrases, l'incipit lancinant. "J'écris une histoire."
On pourrait se retourner, chercher qui parle.
Les voix sont nombreuses, se croisent, se relaient, chantent. L'arbre parle à l'arbre. Le choeur des arbres danse sur la ville.
Enfin, le vent se lève.