samedi 30 septembre 2017

Dans ta tête d'enfant, il y a le chien de la voisine qui aboie, qui emplit tout l'espace, plus de place même pour entasser des légos. Il faudrait donner un coup de pied dans cette construction inachevée comme on ferait avec une fourmilière. On regarderait le désordre. Dans ta tête d'enfant, il y a des jouets épars sur le tapis, la dame du dessus qui crie, ses dents jaunes quand elle te regarde, ses chaussures au bout usé. Dans ta tête d'enfant, il y a des libellules, des papillons qui surgissent, qu'il faut attraper en courant. On se cogne dans les meubles, on rit. La voisine hausse le ton.  Dans ta tête d'enfant, il y a les loups qui pourraient la nuit venue se cacher sous le lit, Marcel qui reste assis tout le temps sur le canapé et qu'on sait pas de quelle humeur, il est. On l'évite. Dans ta tête d'enfant, il y a le ciel par dessus le balcon, en contrebas le bus qui passe et le bruit des vélomoteurs. Les motos qui surgissent sans crier gare. Et il y a ton corps qui est ta tête aussi. Qui se pelotonne quelquefois contre l'orage, qui explore, qui essaie. Les mains touchent, mettent à la bouche, les pieds trébuchent encore.  Dans ton corps d'enfant, il y a ta tête qui est ton corps aussi. Les grands yeux, les mots qui essaient de se dire, les mains sur les oreilles parfois. Dans ta tête à tue-tête il y a le corps qui essaie.Je l'entends quand tu chantes. Je te berce contre mon corps., mon enfant. Promis, je ne te mettrai pas sur mes épaules. Le vide fait peur. Je te tiens contre moi et je chante. Tu l'entends ?