samedi 13 janvier 2018

Le poème correspondant.
Le facteur cheval en bandoulière.
Tati aurait cassé des assiettes lui aussi.
On l'attendrait.
On le cueillerait dès son réveil.
On lui mettrait un timbre.
Il se dresserait sur ses grandes roues de vélocipède.
Ca grincerait à peine, ça chanterait même entre chaque coup de pédale.
Je chercherai dans ma poche l'enveloppe,
le poème qui irait bien,
qui pourrait dire.
Il serait en morceaux.
Nous en ferions une mosaïque,
chaque morceau correspondant -
une fleur rouge en son centre.
Nous nous avancerions vers les affiches collées sur les murs.
Appel à la mobilisation générale.
Le facteur se ferait garde-champêtre, gens d'arme.
Il essaierait de parler, de se faire entendre.
Il  bredouillerait, ses mots entrechoqués comme des assiettes cassées.
Tu irais vers le mur accrocher ton poème.
Il deviendrait immense,
recouvrirait les pancartes.
Une fleur rouge se dresserait vers nous.
La foule se tairait soudain.
Nous n'aurions plus que le poème à voix nue.