dimanche 7 janvier 2018

Prends un oeuf. Tu prendras bien un oeuf. Sa coquille de nacre est offerte.
Mon panier déborde. Son contenu hétéroclite menace de tomber. Qui le ramassera.
Tu vas m'aider, oui. Tu me donneras un oeuf, la coquille est offerte.
J'entends dans le lointain la musique. Elle revient.
Je mettrai mes pas de fourmi dans ses pas de géant. Je jouerai à chou-fleur, chou. Personne ne gagnera. Je jouerai à la pelote basque contre le mur. Je me souviendrai des comptines que nous chantions en lançant la balle jaune contre le mur du garage.
Je mettrai mes mains dans la bassine pour chercher la fuite de la chambre à air. Je chercherai du regard le cerisier, le filet pour le protéger des oiseaux. Les moineaux seront les bons et les merles les méchants. Je n'aurai pas peur des piqures d'abeille.
Je dessinerai des marelles sur le sol avec des craies si courtes que mes doigts sont râpés.  Je chercherai le bon caillou pour monter jusqu'au ciel.
Je saurai m'asseoir sur la petite chaise en bois, lisser la couverture blanche sur mes genoux et garder la pose pour ma grand-mère qui prend la photo.
J'essaierai de mettre mes mains sur les vitres, de repartir  en arrière. J'essaierai de me souvenir de chaque pièce, du carrelage moucheté du salon, des tomettes rouges de la cuisine et de la moquette beige, des réglettes dorées sur les seuils. Je soulèverai le combiné du téléphone et je composerai le numéro 460 89 96. Entre chaque chiffre, le cadran reviendra lentement à son point de départ.
Cela sonnera longtemps.