mercredi 17 mai 2017

C'était une nuit extraordinaire. Il y avait eu du vent, il avait cessé, et les étoiles avaient éclaté comme de l'herbe. Camille mâchouillait son bâton de sucette, l’effilochait, léchait ses doigts poisseux. Elle trouvait la vie parfaite, absolument parfaite. Il faisait chaud encore.  Elle s'allongea dans l'herbe, les yeux grand ouverts, bien décidée à ne laisser échapper aucun vœu.
La vie était immense et elle était là. Elle pourrait durer toute la vie même.
Il restait du linge sur le fil. Immobile désormais. Demain Grand-Ma lui demanderait de le décrocher. Elle enfouirait sa figure dedans, pour le plaisir du contact du linge un peu rêche sur sa joue, pour son odeur d'été.
Bientôt, Grand-Ma dirait "il est l'heure de dormir ma Camille". Elle se lèverait. Elle rentrerait, Grand-Ma débarbouillerait ses mains et ses genoux crasseux, avant de la serrer dans ses bras chauds, de l'envoyer au lit.
Sur le chemin jusqu'à la maison, elle écraserait quelques lucioles sous ses pieds nus.

Ecrit à partir du cadeau de Camille D. pour mon anniversaire , une phrase  : "C'était une nuit extraordinaire. Il y avait eu du vent, il avait cessé, et les étoiles avaient éclaté comme de l'herbe".