mardi 21 mai 2019

Je vous mettrai
ce qu'il faut de blanc
pour qu'il y ait de la lumière.
Une robe de mariée sous un cellophane
une jeune femme qui a perdu ses chaussures
en courant sous l'orage.
Je vous mettrai ce qu'il faut de blanc.
Je ne m'attacherai pas au sombre.
Je peux m'appliquer quand je veux.
J'ouvrirai les volets sur la campagne, j'attraperai le roulis des rivières, les galets ocres sous le soleil.
Je m'avancerai vers la tombe de ma mère. Je ratisserai les graviers blancs. Je regarderai le blanc que mn père a laissé sur la plaque pour mettre son nom quand ce sera son tour.
J'en chercherai du blanc, en veux-tu, en voilà, c'est le printemps.
La neige des cerisiers en fleur, des paquerettes pour faire des colliers. J'attendrai pour les roses de Noël, il est trop tôt.
Je vais mettre du blanc pour que ça tape à l'oeil. Tu vois, je vais me rouler dans le talc, dans la poudre de riz, je serai aussi distinguée qu'une japonaise. Je me promènerai presque nue et oie blanche sous mon ombrelle.
Je jouerai du piano, uniquement les blanches. Vous en vouliez, vous en aurez. Et des nuits blanches aussi. Je vous inviterai. Nous compterons ensemble, ce qui s'insinue et ce qui se défile. Mes nuits sont plus blanches que vos jours. Je vais m'appliquer. Je prétends à l'état de fleur de coton. Tu vois, je ne  serai que ça. Une fleur légère et douce. A peine pourra-t on m'enlacer, je me disperserai aux quatre vents. Je ne serai rien. A peine ce qu'il faut de blanc. Un fantôme.