dimanche 2 octobre 2022

Je t'aime comme un jardin.

Je t'aime comme on se courbe le soir sur la terre.

Je t'aime comme un arbre donne des fruits malgré le gel et comme un arbre se retient d'en donner.

Je t'aime comme le vent chante la mer dans les feuillages. Comme il fait semblant.

Je t'aime comme la framboise rouge qui résiste à septembre et se donne à pleine bouche. Goût de sucre sur les lèvres. Ca granule.

Je t'aime feuilles rouges et or, flamboyantes, déployées. Je t'aime liquidambar et ginko biloba. Je t'aime gora, papillonnante. Je te lilas des indes aussi. L'heure est au cuivre.

Je t'aime comme essaie de voler la jeune pipistrelle, comme elle frôle tes cheveux le soir venu.

Je t'aime comme un muret de pierre sèche sépare et relie, comme il se fond dans les herbes.

Je t'aime comme on oublie les noms des fleurs et des arbres, comme on les a appris souvent, qu'on les égare.

Je t'aime comme on regarde le ciel à travers les branchages, comme on lit, comme on rêve, comme on dort. Je t'aime comme on s'arrête.

Je t'aime comme on entoure de filets les fruits gorgés de sucre des vergers, je t'aime comme on échoue à les protéger des désirs des oiseaux.

Je t'aime comme un hérisson le soir venu  arpente le jardin avant de retourner se  cacher sous les bois morts, je t'aime comme il danse au printemps.

Je t'aime parfaitement. Comme cette table et ces chaises sous la frondaison du cerisier. Comme je les ai grattées de leur rouille et repeintes.

Je t’aime comme ce nichoir où rien ne vient nicher et dont je caresse le contour.