Il était prévu d’en faire un poème ils ont dit, un mois, une
semaine de la poésie. Du courage, du courage au menu. On pourrait en faire des
soldes même. Qui veut son petit morceau de courage, sa petite tranche de poème.
Masquée ou démasquée c’est au choix. Puisqu’il faut battre le pavé, battons le. A
votre bon cœur, messieurs-dames, aujourd’hui c’est courage et poésie à tous les
étages. Oui ça promet, c’est jour de fête, jour d‘élection, chacun sa banderole,
chacun ses œufs. Vous en reprendrez bien un petit peu messieurs dames. Oui c’est
garanti, garanti jusqu’à la prochaine.
J’en entends un qui tousse. Un là bas au fond. Vous savez qu’on
ne tousse plus de nos jours ou juste en passant. Circulez y a rien à voir.
Comme ça se bouscule au portillon. Je vous mets quoi ma brave dame, courage ou
poésie. Un peu des deux c’est exquis. Parlez moins fort, s’il vous plaît, on n’entend
plus la chanson. Oui là bas, ça chante parait -il. Une chanson oubliée, genou à
terre.
Ils en tirent une de ces têtes.
Qui ? Je ne sais pas, je ne sais plus qui parle. Les mots
vont dans tous les sens. On en perd le sens commun. Je pourrais me cacher
derrière une statue peut-être, dire c’est le retour des jours heureux. Vous
avez entendu ? Moi la première je l’ai entendu.
J’ai connu un garde champêtre, oui Madame, j’ai bien connu même
un garde champêtre. Il était fossoyeur aussi à ses heures perdues. Si je suis
pas dans le thème là, courage et poésie, je ne sais pas ce qu’il vous faut. Qu’est
ce qu’il vous faut ? Que j’avance, qu’on avance enfin.