Appartement 3 pièces. Fenêtre Est. 16h47. Voilage vert clair défraîchi, en partie dégrafé. Les crochets escargot se sont fait la malle. Sur le balcon, une chaise type bistrot vert pâle elle aussi, légèrement rouillée. Dans un pot à terre, deux pieds de tomates et leurs tuteurs trop frêles. Le vent fait bouger leurs feuilles. La peinture noire de la rambarde s'écaille. En face la colonne de portes-fenêtres d'un immeuble avec leurs garde-corps orangés. Une fenêtre voilage blanc, une fenêtre stores baissés, une fenêtre voilage blanc. À côté une maison d'un étage à trois pans. Le soleil vient frapper la façade. Trois pans, trois fenêtres, volets blancs ouverts, garde-corps forgés blancs, pas de rideau. Une porte de garage en bois avec un panneau interdiction de stationner. À la lisière deux voitures. Une Volkswagen blanche, une inconnue grise. Horodateur au garde-à-vous. Personne.
Appartement 3 pièces. Fenêtre Ouest. 17h20. Un balcon avec une chaise type bistro vert pâle très rouillée. Garde-corps opaque s'écaillant. En face immeuble ravalé. Maison J. POPULU en lettres d'or sur fond noir. Sommiers élastiques garantis. Fenêtre donnant sur espaces vides. Travaux arrêtés. À gauche immeuble au crépi beige, trois fenêtres en colonne aux linteaux abîmés. L'enseigne du tabac est allumée. Une pancarte jaune précise tabac ouvert café à emporter. Chaises et tables empilées sur la terrasse. Un bus passe. 5 personnes discutent en deux groupes distincts. Un père et sa fille adolescente. Une femme avec deux enfants plus jeunes. Une voix d'homme dis ah on est tous masqués. Une femme passe, le masque descendu sous la bouche, une autre appareil photo en bandoulière la regarde avant de regarder son propre reflet dans la vitrine du kebab fermé. Derrière la vitrine, on aperçoit repliée l'ardoise qui indique les tarifs. Une grand-mère dit à une enfant ah non on ne peut pas aller chez les gens, on est en con-fi-ne-ment. Elle détache les syllabes.
